La piste romantique et la maison en béton

À quelles ruptures et déchirures l’affrontement d’une vision de la société et du quotidien donne-t-il lieu ? Quelles sont les conséquences dans une autre réalité de vie des influences exercées en matière de forme et d’idée ? C’est à ce genre de question que le photographe israélien Sharon Ya’ari cherche à répondre dans l’exposition qu’il a créée pour la maison Esters, et qui est aussi sa première exposition individuelle en Allemagne. Construites par Ludwig Mies van der Rohe à la fin des années 1920, la maison Esters et la maison Lange comptent parmi les plus emblématiques de l’architecture moderne en Allemagne et sont associées aux représentations d’une société ouverte tournée vers l’avenir. Anciennes demeures particulières, elles inspirent sans cesse de nouveaux artistes à se confronter à leur atmosphère particulière et leur architecture depuis qu’elles servent de lieu d’exposition de l’art contemporain. Sharon Ya’ari renoue avec cette tradition du travail spécifique à un lieu et a créé de nouvelles œuvres et séries pour la maison Esters sur la base de sa propre réalité. Le point de départ de sa quête photographique de traces est le rapport entre les idées de la modernité européenne entre les deux guerres et la tentative de leur trouver un prolongement dans le jeune état d’Israël. Il cherche l’héritage du langage formel moderniste dans son pays. Il ne se place pas pour cela dans la perspective de la photographie d’architecture, mais s’intéresse au marginal, aux vestiges du quotidien, aux liens ténus entre les hommes et les éléments de leur environnement. Les utopies du modernisme recoupent l’histoire de ses ruptures et une réalité quotidienne très conflictuelle. La recherche des traces des grandes visions modernistes finit par correspondre à un reflet des conditions d’existence humaines.

Expositions :
Haus Esters/Kunstmuseen Krefeld, 8/3/2020 – 21/3/2021
Oldenburger Kunstverein, 23/4 – 11/7/2021
Kunstverein Heilbronn, 23/7 – 27/9/2021