Josef Zekoff: Paradise

Les paradis perdus

L'absence de visage des protagonistes dans les tableaux de Josef Zekoff est l'une de leurs caractéristiques les plus remarquables. Qu'il s'agisse de labyrinthes en forme de signes - il peint également des ornements et des cartes géographiques - ou de bonshommes au trait dessinés, l'espace intermédiaire qu'occupent ces tableaux invite à l'autoréflexion, pour laquelle le spectateur doit toutefois faire preuve de courage. Ou comme l'écrit Florian Waldvogel dans son texte d'introduction : "Les protagonistes de ses images cherchent-ils à rencontrer quelque chose qui dépasse le monde des objets et des grandeurs fixes ? S'agit-il, comme l'écrit Martin Heidegger dans 'Was ist Metaphysik?', d'une rencontre avec le 'néant' dans l''angoisse' ? La confrontation avec le 'rien' dans les images de Zekoff renvoie-t-elle à notre angoisse face à l'absence de sens originel du monde, au fait que c'est le Dasein qui attribue les significations aux choses" ? Selon Heidegger, la mondanité du monde réside dans ce vide, et les personnages de Zekoff, contrairement aux spectateurs, ne ressentent pas la peur du néant. Mais comme dans la tragédie jacobine, la peur a besoin de la conscience de la perte pour pouvoir survivre. Selon Marcel Proust, conclut Florian Waldvogel, les vrais paradis sont ceux qui ont été perdus.

Exposition :
CFA Contemporary Fine Arts Berlin, 1/7 - 5/8/2023