Tobias Spichtig: Pretty Fine

Faire paraître lointain ce qui nous semble proche, cela joue un rôle clé

Dans le travail de Spichtig, un va-et-vient similaire entre attraction et répulsion produit une certaine forme d'iconicité qui ne demande pas d'engagement. On reconnaît quelque chose dans ces images, et on cherche à se rapprocher de ce quelque chose, on se félicite de la résonance qu'il trouve en nous, on s'immerge dans son rythme cool et grunge. Mais la familiarité qui joue ici un rôle ne doit rien à une ressemblance - avec toi ou ta vie - mais à l'étrangeté. Ce que l'on reconnaît, ce n'est pas le contenu, mais le contour ; et s'il s'agit bien d'une expérience, c'est celle de la non-existence ... C'est effectivement Spichtig qui m'a révélé l'astuce de Marlène Dietrich pour tenir un public en haleine : Qui est la seule personne que tout le monde connaît ? - Celle qui n'est pas là ! "Chante-lui", disait-elle. Dietrich et Spichting pratiquent la séduction sans tricher. Ou l'iconicité sans idéalisme, voire sans idéologie. Permettez-moi de suggérer autre chose : la mémoire sans mémoire ? Kristian Vistrup Madsen

Exposition :
CFA Contemporary Fine Arts Berlin, 20/5 - 20/6/2020