Andreas Balze
Publications Günther Förg
Günther Förg
Pendant les conversations que j’avais régulièrement avec lui, Günther Förg s’informait toujours de la situation de notre maison d’édition. Avec sympathie et l’humour qui lui était propre, il commentait l’envoi de nouveaux livres et n’a cessé de faire des propositions de publications auxquelles il a ensuite souvent généreusement contribué. Au cours de sa courte histoire, la maison d’édition Snoeck a été liée à Günther Förg et son travail des 11 dernières années par un lien très particulier. Le livre de photos « Moskau – Moscow », en plus d’être notre premier projet commun, a ainsi été le tout premier de nos livres présent à la Foire du livre de Francfort en 2002. Ce volume publié à l’initiative de l’éditeur et ses photos dures, mais d’autant plus expressives, de l’architecture constructiviste à Moscou dans les années 1920 et 1930 a posé la première pierre de notre maison d’édition. Il a été suivi à la fin de l’automne 2005, après d’intenses préparatifs, par le livre des amis de Günther Förg édité par Reiner Speck pour son 50e anniversaire le 7.12.2002, « Laissez un Message ». Les publications qui se sont ensuite succédé rapidement montrent comment l’infatigable Günther Förg a sans cesse de nouveau ponctué son œuvre, ses hauts et ses bas, de livres : « Gazzetta dello Sport » au printemps 2006, puis « Kunsthalle Bremen – Fotografie » à l’été 2006 – peut-être le plus beau de ses livres avec un aperçu de l’ensemble de son œuvre photographique, « Watercolours » à l’automne 2006, « Passage » au printemps 2007 et enfin « Fields – Verges » à l’été 2007. Dès la fin de l’automne 2007, Günther Förg avait entrepris d’ouvrir un chapitre entièrement nouveau de son œuvre, les points et pois, parfois séparés par des paraphrases d’éléments formels déjà anciens, disposés en grilles, amas et champs désordonnés et qualifiés de Tachés par Max Wechsler ont rapidement envahi d’innombrables toiles et feuilles. Il les a présentés dans deux volumes majeurs, les toiles à l’été 2008 dans « Back and Forth » et une série à la craie grasse au printemps 2009 dans « Aller / Retour ». Quant à la « Trilogie der Tatzen » petit format, publiée avec Günter Herburger pendant l’été 2008, elle représente une autre tentative d’atteler ensemble littérature et art, après la collaboration avec Arnold Stadler en 2006 pour le titre « Watercolours ». Au printemps 2013 encore, alors que nous étions en train de réaliser ensemble et de passer en revue le petit ouvrage rétrospectif pour les « 12 Bleibilder » de 1989, il faisait sans se décourager, avec son enthousiasme qui le faisait aimer, les plans de nouvelles séries d’œuvres et, bien sûr, de nouveaux livres. Nous avons encore visité une exposition ensemble dernièrement, « Piet Mondrian – Barnett Newman – Dan Flavin » le 25.10.2013 au Kunstmuseum de Bâle. Günther Förg y était comme toujours parfaitement préparé, s’était procuré le catalogue à l’avance – qui ne lui avait cependant pas plu et dont il avait ensuite rapidement cherché à se débarrasser. Il avait traversé d’un trait la première salle pour aller vers les œuvres de Barnett Newman. Nous avons longuement observé « The Name 1 » de 1949 et « Chartres » de 1969, dont la présence nous a littéralement coupé le souffle, le premier par l’omission subtile des fines raies centrales rouges sur fond turqouise peint en rayures, le deuxième par sa forme enclose, dure et sublime, celle d’une nouvelle cathédrale. Le jour de 61e anniversaire, le 5.12.2013, Günther Förg est mort. Notre travail nous rappelle tous les jours le lien exceptionnel qui nous attachait à lui.
Photographies par Julian Faulhaber
48,00 € *