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C’est la forme ouverte qui intéresse fondamentalement Bojan Šarčević, né en 1974 à Belgrade, qui vit aujourd’hui à Berlin et Paris, ou, pour lui donner la parole : « mes expositions ne sont pas l’expression d’une position, mais le reflet des origines de toute position. » L’ouvrage consacré aux deux expositions du Kunstmuseum Liechtenstein de Vaduz et de l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne/Rhône-Alpes présente donc un travail de sculpture qui serpente entre les statues monumentales, les œuvres murales filigranes et les films à niveaux multiples. Avec Bojan Šarčević, les spectateurs ne se doutent jamais de ce qui va suivre. On sait seulement qu’il s’agit de problématiques esthétiques qui nous montrent avec insistance d’une manière presque déjà brechtienne comment franchir la frontière entre l’art et la vie. Par opposition, on trouve aussi une veine moderniste à l’œuvre de Bojan Šarčević lorsqu’il développe une forme résistante qui se présente comme sculpture, et donc au fond comme absolument opposée à tout franchissement de frontière entre vie et art. Cette pratique se nourrit de nombreux modèles historiques, des constructivistes russes aux architectes Hans Poelzig, Erich Mendelsohn et Hans Scharoun. Elle va cependant au-delà de tout formalisme. Car, « ce n’est pas parce que l’art veut se transformer en une forme de vie », comme l’écrit Michel Gauthier dans sa contribution au catalogue, « que la vie se dépouille de toute forme d'art. » Ce catalogue est sans aucun doute aussi un petit évènement en soi puisque l’artiste (qui a participé activement) y a pour la toute première fois l’occasion de présenter, de décrire et d’expliquer rétrospectivement un grand nombre des travaux très divers qu’il a réalisé depuis 1999, et surtout ces cinq dernières années. C’est enfin le livre qu’un public artistique intéressé attendait depuis longtemps.

Expositions :
Kunstmuseum Liechtenstein, Vaduz, 10/2–6/5/2012
Institut d’art contemporain, Villeurbann/Rhône-Alpes, 21/9–18/11/2012