Je me n’évoque pas mais …

Ce sont plus de 20 personnes : enfants, jeunes, adultes, amis et collègues, femmes et hommes, qu’Ingrid Calame a interrogés sur ce qu’ils savaient de leur propre naissance dans son livre « Être né ». Ces entretiens forcément très personnels sont accompagnés par des détails de frottages de pigment sur Mylar que l’artiste a réalisés en 2014 dans une citerne du village de Lacoste (France), au Savannah College of Art and Design, et en 2015 dans le complexe industriel de la mine de charbon Zeche Zollverein, à Essen (Allemagne). Les tableaux marqués de vagues contours et ombres colorés dirigent pour ainsi dire le regard de l’intérieur vers l’extérieur. Comme baignés de soleil et de lumière, certains voient s’allumer des traces et inégalités indéfinissables, avec des roues dentées, rainures ou nervures métalliques dans d’autres. Les récits ne s’adressent pas autrement aux lecteurs, histoires effrayantes d’accouchements précipités ou légendes au contenu presque mythique, aussi émouvantes qu’inquiétantes mais toujours brisées de nouveau par l’humour qui traverse la plupart des récits familiaux. C’est la seule publication individuelle aujourd’hui disponible sur l’œuvre de l’artiste abstraite américaine, née en 1965 à New York et qui vit désormais à Los Angeles. Présente en 2014 dans l’ouvrage collectif « Peindre aujourd’hui » de Tony Godfrey, elle s’est fait connaître par son style radical, formé de vestiges de l’humanité, de taches et de graffitis, comme une cartographie des traces humaines.