Œuvre sur papier et livres d’artistes au collection Speck

C’est une collection très particulière et atypique qu’a rassemblée en plus de 40 ans Reiner Speck, médecin, proustien et homme de lettres de Cologne. La kyrielle d’artistes qu’il a collectionnés est le who’s who de l’historiographie de l’art moderne et contemporain. Pourtant, par-delà l’admiration publique pour une collection où souffle si intensément l’esprit d’une bibliothèque, c’est autre chose qui prend le dessus : une nuance, qui étrangement irrite, touche et étonne. Les œuvres sur papier de Cy Twonbly ainsi que les formats plus petits sont d’une densité et d’un spectaculaire incroyable, presque comme s’ils voulaient faire oublier la vacuité des grandes toiles. Des œuvres de Polke, Förg, Herold, Kippenberger, Oehlen et Trockel font eux aussi l’effet d’être une quintessence sans pour autant fanfaronner. Klossowski, artiste aujourd’hui souvent exposé, verse au contraire dans la démesure. Aux côtés de Proust – dont on peut admirer des miniatures d’à peine 10 centimètres –, il est l’un des rares écrivains dessinateurs d’importance. Il a adopté le grand format bien avant les photographes pour esquisser ses subtils dessins aux crayons de couleur, ses obsessions délicatement érotiques. C’est ainsi que tout a sa place, un sens, dans cette collection, et le volume qui sort aujourd’hui peut réclamer à bon droit le titre du plus bel ouvrage de monographie de collection, dans une liste pourtant fort longue, que l’on considère la maquette réussie, les reproductions d’œuvres et de livres finement imprimées, ou encore le papier et les textes. Aucune autre publication à ce jour n’a réussi à incarner à ce point l’esprit de cette collection et à rendre enfin un juste hommage à la phrase en vogue, mais malmenée, de ces dernières années : la modernité est notre Antiquité ! Ce livre montre pourquoi ! 

Exposition :
Leopold-Hoesch-Museum Düren, 2/10–20/11/2011