Brasil! Brasil! The Dawn of Modernity

Le Brésil ! L'aube de la modernité

Durant l'hiver 1944, la Royal Academy of Arts a organisé pendant trois semaines l'"Exposition de peinture brésilienne moderne" dans ses grandes galeries principales néoclassiques. Le titre de l'exposition est quelque peu trompeur, car il s'agissait en fait de deux expositions différentes en une seule : la première, "Exposition de peinture brésilienne moderne", comprenait 80 peintures et 86 œuvres sur papier, présentées dans deux galeries ; et la seconde, "Brazil Builds", contenait 192 photographies et occupait une seule galerie. Entre 1947 et 1948, le Museu de Arte Moderna de São Paulo (MAM-SP) et le Museu de Arte de São Paulo (MASP) ainsi que le Museu de Arte Moderna do Rio de Janeiro (MAM-RJ) ont tous deux ouvert leurs portes, et un critique d'art a qualifié ces initiatives de "signes du désir brésilien de communiquer avec ses propres artistes et de s'associer à ces centres d'expression artistique internationaux". Peu de temps après, en 1951, le Brésil inaugurait la Biennale Internacional de São Paulo : la première exposition biennale au monde après Venise et une démonstration de la valeur que le Brésil accordait alors à l'art et à la culture, soulignant sa détermination à faire partie de la scène artistique internationale émergente de l'après-guerre. La Semana de Arte Moderna (Semaine d'art moderne) de 1922 est considérée comme le point de départ du développement d'un modernisme brésilien, qui a donné naissance à une première génération d'artistes, dont Anita Malfatti (1889-1964) et Vicente do Rego Monteiro (1899-1970). L'aspect authentiquement brésilien de cette modernité, tel que postulé par l'écrivain Oswald de Andrade, serait le rôle de l'"identité nationale". Dans un manifeste, il demandait d'engloutir la culture européenne étrangère, de la "digérer" et de l'utiliser en la transformant pour forger un art brésilien autonome. Cela implique également "l'ingestion" des cultures indigènes et afro-brésiliennes. Les deux artistes susmentionnés et d'autres protagonistes comme Lasar Segall (1891-1957) et Tarsila do Amaral (1886-1973) sont aujourd'hui considérés comme ayant une certaine distance sociale par rapport au langage pictural indigène et aux rituels afro-brésiliens, distance qui a finalement été surmontée par une deuxième génération autour de Djanira da Motta e Silva (1914-1979) et Rubem Valentim (1922-1991). Aujourd'hui, tous ces artistes et leurs œuvres font sensation dans des expositions telles que "Foreigners Everywhere" à la 60e Biennale de Venise (organisée par Adriano Pedrosa), car après la conquête formaliste "digérée" par le modernisme européen, un langage visuel tout à fait particulier est apparu dans les œuvres. L'intérêt international pour le concept de modernité globale s'est fortement développé depuis un certain temps et les parallèles scientifiques avec les défis de la modernité européenne sont abordés au même titre que les différences politiques, sociales et culturelles. "Brésil ! Brasil ! - The Dawn of Modernity" présente, dans l'exposition et avec cette publication complète, les différentes voies par lesquelles les artistes brésiliens ont développé leur langage visuel moderne prononcé et donne en même temps, à travers la présentation de dix positions, une introduction aux conditions politiques, sociales et économiques marquantes ; des étapes clés en littérature, musique, design et architecture ont également été abordées. Une première occasion d'échange interculturel s'est présentée au Zentrum Paul Klee en 2019 avec l'exposition "Paul Klee - Unstable Balance", organisée par Fabienne Eggelhöfer, qui a été accueillie avec beaucoup d'intérêt par le public brésilien lors de sa tournée de Saõ Paulo à Belo Horizonte en passant par Rio de Janeiro.

Exposition :
Centre Paul Klee Berne, 7/9/2024 - 5/1/2025
Royal Academy of Arts, Londres, 28/1 - 21/4/2025

Artistes : Anita Malfatti, Vicente do Rego Monteiro, Tarsila do Amaral, Candido Portinari, Lasar Segall, Flávio de Carvalho, Alfredo Volpi, Djanira da Motta e Silva, Geraldo Barros, Rubem Valentim

L'exposition est organisée par le Zentrum Paul Klee, Berne, en collaboration avec la Royal Academy of Arts, Londres.