Ce léger déplacement de la perspective

CALLIOPE dans la mythologie antique est la « femme à la belle voix » et, parmi les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne (« la mémoire »), la muse de la poésie épique. Platon lui accorde dans son Banquet une place prépondérante parmi les muses ; Homère la chante comme la mère d’Orphée. Ses attributs sont le stylet et les tablettes à écrire. On ne s’étonnera donc pas que ces derniers aient si volontiers été utilisés par la composition traditionnelle au plomb, sous le nom de calliope et particulièrement dans l’art nouveau, comme cul-de-lampe placé à la fin d’une colonne encadrée de lignes. Pour Jürgen Partenheimer, ils prêtent leur nom à une édition qu’il a déclinée en trois formes de récipients différentes pour la manufacture de porcelaine de Nymphenburg, à Munich. Ses schémas de fabrication abstraits forment la base des vases sculpturaux, ils l’identifient une fois de plus comme le représentant d’un langage formel minimaliste, mais extrêmement personnel et à vocation poétique. Les récipients de la collection « KALLIOPE » sont tournés à la main, une pratique rarement employée dans l’histoire de la manufacture de porcelaine de Nymphenburg qui travaille traditionnellement avec des moules ; leur effet est aussi entièrement déterminé par le caractère spécifique du matériau, qui subit une transformation impossible à calculer lorsqu’il est mouillé ou qu’il sèche, ou encore à la cuisson et à l’émaillure. Les formes sont volontairement soumises aux conditions de fusion, agitation, épaississement et durcissement de la porcelaine. L’édition est conçue en différentes versions qui combinent trois formes différentes en une série exclusive de sept exemplaires en biscuit ou émaillés aux formes et dessins variables. Les objets ainsi créés sont des pièces uniques de par leur forme et leur version, signées et numérotées par l’artiste. Après plusieurs présentations de pièces isolées, ce livre montre désormais pour la première fois, à l’occasion de l’exposition au musée Ariana de Genève,  la série complète avec des schémas et des photos qui documentent les différents états d’avancement.

Exposition :
Musée Ariana Genève, 20/11/2015–20/3/2016